13 octobre 19 – D’Alpasinche à Pituil – 59 km (5925 km) – J193
La nuit a de nouveau été très chaude malgré le vent. Ce matin, il s’est calmé, nous sommes assaillis de petits moucherons. Ils ne piquent pas, c’est déjà ça mais c’est vraiment désagréable. Ils nous tournent autour et terminent leur vie dans notre porridge et notre thé…
Les enfants se chamaillent, ils sont partis pour être pénibles aujourd’hui…
Le ciel est bien gris, il ne fait pas trop chaud. Ça change vraiment de la journée d’hier… Nous repartons sur la route 40. Nous traversons plusieurs villages, certaines maisons sont colorées, des roses ornent la plupart des jardins, les gens profitent de leur dimanche matin. Tout est paisible.
Nous nous arrêtons à Salicas faire quelques courses, quelqu’un vient vers nous à pied. C’est Natalie ! Elle était là hier et ce matin, elle a crevé 3 fois et a donc fait demi-tour pour revenir passer une journée au camping. Elle ira à Chilecito demain. Elle nous doublera forcément, comme d’habitude.
Nous roulons quelques kilomètres puis faisons une petite pause à Schaqui, dernier village avant le désert. Il y a une place avec des jeux et du wifi, c’est l’occasion de manger quelques gâteaux (oui, nous prenons le dessert avant le repas, mais ils n’auraient pas apprécié le transport). Le wifi ne fonctionne pas, nous arrivons sur une page disant que la dernière facture n’a pas été payée… Nous décidons de ne pas refiltrer de l’eau, nous serons à Pituil ce soir, voire même plus loin. Il ne fait pas trop chaud, il y a peu de vent, nous avançons plutôt bien aujourd’hui.
C’est parti pour une ascension désertique, une grande ligne droite. Les paysages sont plutôt monotones. Rien de très passionnant…
Nous passons devant un autel dédié à la Difunta Correa. Il est bien fourni en eau. L’histoire dit qu’une femme est partie chercher son mari et qu’elle serait morte de soif. Son bébé aurait été retrouvé en vie car il continuait de s’allaiter. La route est donc bordée de ces autels où les gens déposent des bouteilles d’eau (ou autre) à destination des voyageurs. Le seul soucis, comme disait Eric hier, c’est que les bouteilles ne sont pas datées… Sur cette portion, il y a souvent des bancs et des tables, nous prévoyons d’en profiter un peu avant 14h00 pour pique-niquer.
Vers 13h30, nous passons un virage et sommes accueillis par une grande bourrasque. Le vent s’est levé et forcément, pas dans le bon sens ! Nous l’avons de côté, il nous pousse sur le bord de la route et nous empêche de bien avancer. Notre moyenne chute vertigineusement ! Nous nous arrêterons à la prochaine table ! Sauf que nous changeons de département juste après et que nous n’en trouvons plus… Les enfants s’impatientent, les parents aussi…
Nous finissons par en trouver une à côté d’un bar. Le vent souffle très très fort, nous peinons à manger, tout s’envole ! Maman finit par trouver refuge sous la table pour éplucher les poires. Nous avons très froid et remettons les bonnets, les gants, les pantalons. Vraiment, cette journée n’a rien à voir avec celle d’hier !
Papa voudrait attendre que ça se calme avant de repartir mais il fait froid, nous n’avons pas d’abri et si ça se trouve, ça ne se calmera pas avant cette nuit. Maman préfère essayer d’avancer. Il reste une petite vingtaine de kilomètres jusque Pituil. Nous devrions pouvoir y arriver.
C’est donc dans le vent, en tenue d’hiver, que nous reprenons notre bataille. La route descend un peu, nous ne nous en sortons pas si mal, même dans la légère montée qui s’ensuit. Nous voyons un cycliste face à nous, nous l’attendons à la fin de sa montée. Il s’agit de Daniel, un chilien. Il est parti de chez lui au sud de Santiago et veut rejoindre Uyuni. Il a trente jours de vacances. Il est heureux, cela nous remonte un peu le moral.
Encore un peu moins de dix kilomètres… Toujours une ligne droite, toujours du vent, toujours mal au genou, toujours la déprime… Les enfants en ont marre, les parents aussi… Mais nous continuons, de toute façon, le vent souffle si fort que monter la tente serait difficile.
Enfin, voilà Pituil ! Tout est fermé, il pleuviote et le tonnerre gronde, alors nous voudrions nous mettre dans un abri en dur pour ce soir mais nous ne voyons rien. Sur la place, nous voyons une porte ouverte, ce sont des femmes qui vendent des gâteaux et du pain pour financer les études des enfants du village. Nous prenons donc notre goûter, c’est un délice ! Elles nous offrent un peu de mate. Nous leur demandons où nous pouvons dormir (Papa commet l’erreur de demander directement un hôtel), elles nous indiquent une maison qui proposent des chambres, Papa va voir là-bas.
Nous finissons dans une vieille maison un peu excentrée. La femme nous demande $300 par personne, ce qui fait $1200. Hors de question de payer aussi cher, nous préférons camper et le lui disons. Elle nous propose $1000. Nous lui disons que nous pouvons mettre au maximum $500. Elle rit jaune et nous propose finalement $700. Nous acceptons un peu à contre-cœur mais dehors le tonnerre continue de gronder et le vent souffle toujours. De plus, il commence à se faire tard et nous n’avons nulle part où camper.
Nous nous installons. Maman découvre des cochons dans le jardin, les enfants sont ravis. Les parents vont faire quelques courses juste à côté pour le repas de ce soir. Nous trouvons des raviolis frais, de la crème, du fromage et des yaourts pour le dessert. Nous faisons une partie de Uno avant et après le dîner puis les enfants filent se coucher. Les parents s’occupent de la vaisselle, de l’article et de l’eau puis les rejoignent.