16 mars 20 – De la D611 (PK 6) à Tuchan – 17 km (10664 km) – J348
La nuit n’a pas été des plus reposantes… Papa et Maman ont beaucoup réfléchi… Encore ce matin, nous ne savons pas quoi faire… Nous allons nous mettre en route direction Narbonne, nous rapprocher d’une gare au cas où, et nous verrons bien. Nous prenons le temps d’expliquer la situation aux enfants, ce n’est pas évident… Nous plions la tente et prenons notre petit-déjeuner. Un peu après 10h00, nous prenons la route.
Le temps est menaçant, il tombe même quelques gouttes de temps en temps… Malgré ça, les paysages sont tout de même magnifiques. Nous pédalons le cœur serré, en nous disant que tout ça, c’est peut-être bientôt fini…
C’est à Tuchan que nous faisons les courses. Il y a quelques personnes dans le supermarché. Voilà qu’il se met à pleuvoir des cordes. Maman est en train de ranger les courses quand une femme l’interpelle : “vous avez quelque part où vous mettre à l’abri ? Vous allez où ?”.
Maman lui répond que non et que nous allons à Narbonne.
“Il doit pleuvoir tout l’après-midi. Je viens d’être élue, nous allons vous trouver un endroit. En attendant, vous aller venir manger chez moi.”. Elle passe des coups de fil, termine ses courses, nous apprend que nous pourrons nous installer dans la salle polyvalente et nous emmène dans sa maison. Nous nous réchauffons et mangeons un bon poulet. Nous discutons de notre voyage, du virus, de leur vie. Elle s’appelle Béatrice, est préretraitée. Son fils Mathieu est dans l’immobilier. Ils sont vraiment accueillants, nous sommes presque avec notre famille. Soudain, elle nous dit qu’elle a une deuxième maison, que nous pouvons nous y installer ! Wouahou, nous sommes émerveillés par tant de bienveillance et de générosité. Cela nous réchauffe le cœur. Nous parlons du confinement potentiel, voilà qu’elle nous propose de garder nos vélos et de nous emmener à Narbonne prendre le train demain. En fait, c’est notre ange-gardien que nous venons de rencontrer !
Nous nous installons dans sa maison, nous allons dormir là. Nous y sommes bien. Nous réfléchissons et décidons d’acheter des billets de train pour demain (pour aujourd’hui, c’est trop tard, il n’y a plus rien). La famille est rassurée mais reste à savoir ce qui va être annoncé ce soir… Pourrons-nous prendre le train demain ? Et au final, est-ce que rentrer n’est pas le meilleur moyen pour tomber malade ?
En attendant l’allocution, nous prenons une bonne douche bien chaude et profitons du chauffage ! Quelques jeux, un peu de télévision, un bon goûter…
Les parents expliquent aux enfants ce qui se passe. Martin est heureux à l’idée de prendre le TGV demain, Lucas semble être dans ses pensées… Puis tous les deux s’inquiètent pour nos vélos, “pourquoi ils restent ici ?”. Le train avec des vélos, en France, ce n’est jamais facile, encore moins avec nos gros vélos… C’est le cœur lourd que nous allons devoir abandonner Satanas et Diabolo mais promis, nous reviendrons les chercher !
Une chose est sûre, nous n’avions pas imaginé une fin de voyage comme celle-là. Pour tout vous dire, nous pleurons en y pensant… Nous allons passer de la vie en perpétuelle mobilité en pleine nature à une vie cloisonnée… Nous savions que le retour serait difficile mais si soudainement et sans savourer le dernier coup de pédale, ça n’a pas le même goût…
A 20h00, nous écoutons le discours du Président, comme la plupart des français. Plus ou moins comme nous l’attendions, il annonce les restrictions de mobilité à partir de demain midi. Nous arriverons donc trop tard à Grenoble, mais nous imaginons bien que les forces de l’ordre nous laisseront passer. Après tout, nous rentrons chez nous, enfin, presque…
Les enfants étaient devant la télévision avec nous. Lucas a réagit directement suite au mot “guerre”. “Papa, Maman, nous sommes en guerre !”, nous dit-il… Malgré tout, ils se couchent sagement. Les parents en font de même un peu plus tard.
Voilà qui termine notre dernière journée de vélo… Nous avons toujours du mal à y croire…
Bravo la nouvelle maire de Tuchan !!!
oh oui ! Notre ange-gardien !
le retour en France est triste en effet, surtout qu’il y avait de chouettes choses à voir dans le Sud…
Mais bon, vous êtes rentrés au bon moment, avant que l’Amérique du Sud ne se confine, ce qui aurait été très très difficile pour vous à la fois pour les déplacements et pour la vie courante ou l’hébergement !!
oui, ça c’est sûr ! De ce côté là, nous avons eu beaucoup de chance !
Je ne sais pas si vous êtes chez vous depuis le confinement, mais gardez en tête que votre aventure vous l’avez vécue et accomplie pleinement en Amérique du Sud ! Le retour à vélo depuis l’Espagne, c’était un bonus pas prévu au départ. Et ce petit goût amer ne tardera pas à disparaître quand vous repenserez à vos exploits dans quelques mois/années !
Merci en tout cas pour nous avoir fait voyager quotidiennement sur votre porte-bagages ! 🙂
Merci Mickael. Mais ce n’est pas facile d’être enfermés après avoir vécu cette formidable aventure…
Encore un grand Bravo pour votre parcours …!! et merci de nous l’avoir fait vivre quotidiennement .
Merci Jean-Paul
Merci pour vos commentaires. Mathieu et moi vous avons accueillis (recueillis) de bon coeur. On a un peu partagé votre aventure! Et fait une belle rencontre.
C’est bien vrai, tu as raison maman.
En espérant que tout va bien pour vous.